seule votre absence se faisait ressentir
SEULE VOTRE ABSENCE SE FAISAIT RESSENTIR (2024)
Extraits
1947, ma grand-mère Vréj fait ses adieux à sa soeur Hripsimé qui s’apprête à embarquer sur le Rossia pour la République Socialiste Soviétique d’Arménie, avec son mari Manouk, ses enfants Sako et Hovanesse, ainsi que Kirkor le frère orphelin dont les deux soeurs se partagent la garde. Toutes les deux pensent se revoir bientôt. Kevork, mon grand-père a promis qu’il s’occuperait des papiers pour partir avec le prochain bateau mis à disposition par les autorités soviétiques pour procéder au rapatriement des arméniens de France. La réalité est qu’il ne s’en occupera jamais. Désireux de rester dans son pays d’adoption, auprès de ses amis, il raconte à ma grand-mère que le photographe est malade. Il est impossible de faire les papiers à temps pour le départ.
Séparées par le rideau de fer, Hripsimé et Vréj sont d’abord sans nouvelle l’une de l’autre.
Quand les communication deviennent possibles, une correspondance photographique débute. Les deux soeurs partagent alors les moments importants de leurs vies, sous l’oeil attentif de la censure soviétique.
Après plus d’une dizaine d’années, bénéficiant d’une détente dans les relations avec l’Ouest qui rend les voyages possibles, Vréj retrouve sa soeur à Erevan. Quelques années tard, Hripsimé parviendra à revenir s’installer en France avec les siens.
2023, je retrouve une partie des photographies annotées en arménien et envoyées par Hripsimé. Elles ont été conservées par ma mère. Je décide de les faire traduire. Inscrite sur l’une d’elle, une phrase me boulverse : « Seule votre absence se faisait ressentir ».
Je fouille alors dans les archives de mes voyages en Arménie, à la recherche de photographies évoquant l’absence. Une correspondance m’apparait.