seule votre absence se faisait ressentir (2017-2024)
Quand j'étais enfant, Vréjouie, ma grand-mère, et Hripsimé, ma grande tante, s’exprimaient parfois dans une langue que je ne comprenais pas. Après leur mort, quand je fus en âge d’entendre, cette étrangeté familière se transforma en récits. Ma mère racontait des histoires sur le génocide des Arméniens de 1915 ou sur la vie des rapatriés de 1947 en République Socialiste Soviétique d’Arménie.
Ces histoires, qui m'ont été transmises oralement, ont laissé sur moi des impressions indélébiles, comme si le simple fait de les entendre m'avait marqué durablement.
Plus tard, en devenant photographe, j’ai fouillé le passé. Je me suis rendu plusieurs fois en Arménie et en Turquie, d’abord avec ma mère, puis seul. Laborieusement, j'ai cherché, sans trop savoir ce que je trouverais. Aujourd'hui, je crois comprendre que c'est l'absence de celles et ceux qui n'y sont plus et dont les voix se sont tues.
Ce travail a bénéficié du soutien de la région des Hauts-de-France et été exposé au Château Coquelle à Dunkerque en 2021.